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Bouvière Bouvière

La famille des Cyprinidés est représentée dans nos rivières et nos étangs par une vingtaine d'espèces capables de se reproduire librement : la carpe commune, la tanche, le barbeau fluviatile, le carassin, le hotu (ou nase), la brème, la brème bordelière, le gardon, le rotengle, le vairon, le goujon, l'ablette, l'able de Heckel, le chevesne (ou chevaine), la vandoise (protégée), le spirlin, l'ide mélanote (protégé), la bouvière (protégée), l'aspe et la vimbe (ces deux derniers dans le Rhin). Plusieurs de ces espèces peuvent s'hybrider, mais en principe les hybrides sont stériles.

Les Cyprinidés font partie des Ostariophysaires, qui vivent presque tous en eau douce, ont leurs oreilles internes reliées à la chambre antérieure de la vessie natatoire par une série d'osselets (dits " osselets de Weber ") et dont la peau contient des cellules sécrétrices chargées d'une substance qui, libérée à la suite d'une morsure, joue le rôle d'un signal pour le reste de la troupe, déclenchant une fuite éperdue (" Schreckstoff", découverte en 1938 par Karl von Frisch, Prix Nobel 1973). C'est ce qu'on appelle de nos jours une phéromone, substance émise dans le milieu extérieur pour communiquer entre individus de la même espèce. En l'occurrence, une phéromone d'alarme, comme il en existe chez beaucoup d'autres poissons. Elle peut jouer un rôle défensif contre les prédateurs, mais également de protection contre le cannibalisme. Dans le cas du danio géant (Danio malabaricus), on a montré qu'il s'agit de la 7-hydroxybioptérine (thèse de W. Thida, Université d'Oldenburg, 2000), résumée sur :

 http://docserver.bis.uni-oldenburg.de/publikationen/dissertation/2000/winiso00/winiso00.html

Les Cyprinidés n'ont pas de dents sur les mâchoires, mais peuvent en avoir sur leurs arcs branchiaux (dents pharyngiennes). Sur la peau des mâles, parfois aussi des femelles, en des endroits précis, il apparaît au moment du frai des denticules cornés (dits " tubercules nuptiaux "). Les mâles adoptent souvent une superbe livrée nuptiale durant cette période.
Tous sont ovipares. Ils pondent des œufs collants, soit sur les végétaux aquatiques immergés (phytophiles : carpe, tanche, carassin, rotengle), soit sur les pierres et les graviers (lithophiles : vairon, spirlin, barbeau, hotu, aspe, able de Heckel), exceptionnellement à l'intérieur d'un mollusque bivalve du genre anodonte ou unio (particularité de la bouvière). Certaines espèces utilisent aussi bien les végétaux que les pierres (phyto-lithophiles : ablette, brèmes, gardon, vandoise, chevesne, goujon, ide mélanote).

Ide Mélanote

Le frai est souvent collectif, c'est-à-dire que les mâles et les femelles se réunissent en grand nombre aux endroits propices, les frayères, au printemps ou au début de l'été. Dans plusieurs espèces, le frai est précédé d'une migration vers l'amont de la rivière : la libre circulation des poissons est donc très importante.
L'examen des ovaires à différents moments du cycle annuel montre que les ovules mûrissent (ovogenèse) par vagues successives, à partir d'un stock permanent de cellules-souches (ovogonies).

Il n'y a qu'une seule vague d'ovules chez le gardon, la vandoise, le hotu, et peut-être aussi chez l'ide mélanote et l'aspe. La ponte se fait en une seule fois, mais peut durer quelques jours. C'est une ovogenèse synchrone, bien connue par ailleurs chez les Salmonidés, les Percidés et le brochet.
Mais la plupart des Cyprinidés ont plutôt une ovogenèse asynchrone ou une ovogenèse groupe-synchrone, aboutissant à une ponte étalée sur un, deux ou trois mois, avec un frai répété à intervalles plus ou moins réguliers durant cette période. Cela leur permet sans doute de répartir les risques et de s'adapter à des conditions hydrologiques et climatiques changeantes. En dehors du stock, les ovules présentent, soit un ensemble continu de diamètres (type asynchrone), soit un ensemble discontinu, avec 2 à 4 classes distinctes d'ovules (type groupe-synchrone).

Les espèces asynchrones sont de loin les plus nombreuses : la tanche, le carassin, le rotengle, le vairon, le goujon, l'ablette, le spirlin, la brème bordelière, la bouvière et la vimbe. Les espèces groupe-synchrones sont le barbeau, la brème commune, la carpe, le chevesne. Le fonctionnement des ovaires peut toutefois varier selon les lieux et les circonstances.

Vairon

Dans les cas les mieux étudiés, comme le cyprin doré (" poisson rouge ", en aquariologie), la femelle émet plusieurs phéromones sexuelles, qui stimulent le mâle et améliorent la production du sperme, en quantité comme en qualité : motilité des spermatozoïdes et meilleur pouvoir fécondant. Chaque phéromone produit des effets distincts. Ces phéromones, sécrétées par les ovaires, sont perçues chez le mâle par des cellules olfactives spéciales.

Vandoise

Bien des connaissances restent à acquérir dans ce domaine. En particulier, la simple observation, dans la nature et pour chaque espèce de Cyprinidés, du comportement de frai et de la localisation des frayères, peut constituer pour le pêcheur comme pour le naturaliste une expérience très enrichissante.

N'oubliez pas de partager ce précieux savoir !

* Cyprinidé : Poisson osseux d'eau douce, dépourvu de dents.

                                                                                                                        Pr. Jean Mellinger

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