Le golf de la Sommerau, prévu dans la région de Birkenwald, nourrit les débats depuis 15 ans. Pour Claude Martin, président des pêcheurs du Bassin Bruche-Mossig, les répercussions de ce golf auront lieu avant tout en aval, c'est-à-dire autour de Wasselonne. II craint par-dessus tout une dégradation de la Mossig.
• D'abord, un petit rappel pour toux ceux qui ne connaîtraient pas leur carte des rivières. La Sommerau est un petit affluent de la Mossig, dans lequel le cours d'eau se jette à Romanswiller. La Mossig, qui naît sous le Schneeberg de Wangenbourg-Engenthal et qui traverse les villages de Romanswiller, Wasselonne, Wangen et Marlenheim, est elle-même un confluent de la Bruche, les deux rivières se rejoignant à Avolsheim. Le village de Dabo ponctionne déjà à deux endroits de l'eau de la Mossig.
D'où l'inquiétude de Claude Martin, pêcheur habitant Cosswiller et président du comité de gestion du Bassin Bruche-Mossig. «Nous craignons que le golf de la Sommerau n'aggrave l'état déjà alarmant de la Sommerau et donc de la Mossig. En période d'étiage (*), son niveau est très bas. » Et le pêcheur de rappeler que la Mossig est «une des rivières les plus sauvages du Bas-Rhin, c'est une eau à salmonidés, et il y a une vraie richesse en faune et en flore. » Bref, un «patrimoine à préserver».
La première crainte, celle de voir les constructeurs puiser directement dans la Sommerau pour alimenter en eau le golf, a été levée rapidement.
Une lagune servira de filtre
La solution adoptée aujourd'hui, et présentée à la suite de l'étude d'impact réalisée par le cabinet Waechter (**) est d'utiliser l'eau d'un aquifère, à partir d'un puits. En gros, de pomper l'eau d'une poche souterraine. Dernièrement, des forages ont montré qu'une poche d'eau existait bel et bien à 30 m sous terre, sur une profondeur de 40 m (Voir DNA du 26 août).
Les grandes lignes
Le projet de golf s'étend sur 75 ha, sur les bans communaux de Birkenwald (80 %), Hengwiller et Salenthal (10% chacun). II s'agit d'un golf 18 trous, avec un practice et un club house. Le golf sera mis en gérance, et devrait employer une vingtaine de personnes.
Coût estimé de ce projet: 3,9 M€, financés par la région et le département (1,4M€ chacun), et une compensation de 323 583 € pour le passage d'une ligne THT (très haute tension), le reste revenant aux com'com du pays de Marmoutier et de la Sommerau et à la ville de Saverne.
Le projet de golf dans la région de Saverne date du début des années 90. Les choses prennent un tour sérieux avec, en 2003, la création du syndicat mixte du golf de la Sommerau, présidé par Thierry Carbiener, maire de Saverne.
Après de multiples réunions, débats, consultations, etc., le syndicat prévoit de commencer les travaux début 2008. Le golf devrait être fin prêt pour 2010. Mais il reste quelques étapes à franchir, notamment l'enquête publique, dont les résultats doivent intervenir avant la fin 2007.
Côté « rejets » dans l'eau, l'étude d'impact prévoit 12 m² par jour maximum. Une lagune, créée à cet effet, servirait alors de « filtre naturel » pour traiter ces eaux usées. « Le trop plein ira dans la Sommerau », analyse Claude Martin, qui demande au passage quel type de produits seront utilisés.
C'est ce point qui fait réagir le président. « Ça ne règle rien au problème: en été, la lagune sera également à sec, donc pas de filtrage. » Et d'ajouter qu'avec « le réchauffement prévu de la planète, le niveau des cours d'eau est à protéger. »
Aux yeux du pécheur, le golf soulève encore bien d'autres problèmes. Il fait notamment remarquer «que les associations, dont le Bassin Bruche-Mossig, sont mises à l'écart des discussions», et que nombre des questions qu'il a soulevées dès le début du projet restent encore sans réponses. « Pourquoi acheter 75 ha de terrain pour faire 20 ha de golf? » interroge-t-il. « Nous aurons les nuisances de notre côté, eux auront le golf », prédit-il finalement.
J. R.
* : Étiage : niveau d'eau le plus bas d'une rivière.
** : Étude d'impact lancée début 2007, confiée par le syndicat mixte du golf de la Sommerau au cabinet spécialisé Waechter. Les résultats ont été communiqués fin juin. (voir DNA du 30 juin)