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- Article des DNA, édition de Molsheim, du 27/02/2077 - 
Fernand Waag de Strasbourg, "amoureux de la Bruche", nous écrit au sujet des politiques de gestion de l'eau dans la région.

" A la Conférence de Paris sur le réchauffement climatique, après des années de tergiversations, les scientifiques ont enfin désigné l'activité humaine comme responsable de ce phénomène. On nous prédit des années caniculaires et, de toute évidence, une très grande misère sur certains continents où la faim et la soif pousseront les humains à migrer ou à disparaître. En Europe, les tempêtes et les étés extrêmement chauds vont s'accentuer avec des conséquences que l'on feint d'ignorer, notamment la quantité et la qualité de l'eau, en laissant à leur triste sort les générations futures. Le conseil général et d'autres financeurs suivent l'extension de la pollution de la nappe phréatique en connaissant les causes et les responsables. Le plus gros pollueur est bien sûr l'agriculture en plaine, mais surtout l'emploi d'engrais chimiques dans la viticulture (85 hectolitres de vin à l'hectare), avec comme conséquence de retrouver plus de 50 milligrammes de nitrates au pied des vignobles de Colmar à Marlenheim. Cette pollution se déplace d'un kilomètre par an, ce qui met en difficulté des villes comme Obernai, Rosheim et bien d'autres d'ici quelques années.

Mais les services de l'État participent sans états d'âme à la pollution des rivières. Contre rémunération, ils font des études d'implantation des stations d'épuration dont la majorité polluent systématiquement les eaux de nos rivières à chaque forte pluie. Pourquoi ? Parce que les effluents domestiques sont collectés dans le même tuyau que l'eau de pluie, ce qui amène tellement de mélange que les stations sont obligées de dévier les polluants à leur entrée par des déversoirs successifs dans la rivière prévus à cet effet.

La dernière station d'épuration qui a reçu l'agrément du préfet en janvier 2007 est celle de Mollkirch qui, après deux enquêtes publiques, avait reçu un avis défavorable du commissaire-enquêteur A chaque forte pluie, à chaque arrêt technique, les effluents de près de trois mille habitants vont polluer sérieusement la rivière Magel et la Bruche située en pleine zone de protection de la grande nappe d'eau potable de Gresswiller. Sachant que celle-ci, d'excellente qualité, est alimentée au travers du gravillonnaire de la Bruche, il y a fort à parier que la bière de la Brasserie Kronenbourg qui est demanderesse de cette eau aura aussi un goût "d' activité humaine " d'ici peu. Il aurait suffi de connecter les eaux usées, collectées séparément et non en collecte unitaire pour les habitants de Grendelbruch et de Mollkirch, au collecteur de la grande station de Molsheim située à quelque 500 mètres de la gare de Heiligenberg et utiliser les mêmes investissements pour étoffer la STEP de Molsheim. Cela eut été une approche d'intérêt général dans le cadre préconisé par le président Chirac d'une gouvernance écologique mondiale, mais d'où les intérêts particuliers multiples devront s'effacer.

Lorsque l'on sait que les stations d'épuration sont construites avec le financement à plus de 80% par les taxes des habitants de notre département, nous sommes en droit de dire que le refus de suivre l'avis du commissaire-enquêteur est un scandale! "

Fernand Waag
(Article paru dans les D.N.A. du 27 février 2007)