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RISQUE DE POLLUTION A WISCHES

A Wisches la scierie MAF (Matériaux André France), située au bord de la Bruche en face des carrières de Hersbach, projette de construire un atelier d'imprégnation du bois par un produit hautement toxique et irritant, non biodégradable, à base de carbonate de cuivre (plus deux fongicides et de l'acide borique), par autoclave, ce qu'elle devait sous-traiter ailleurs l'usine étant située dans une zone inondable.


Texte  rédigé conjointement par le Comité de gestion du bassin Bruche - Mossig et l'association Bruche-Passion remis au Commissaire Enquêteur.


Monsieur le Commissaire Enquêteur,

Enfin, nos sénateurs et députés ont voté la charte de l'environnement intégrant le principe fondamental de précaution.

Bien entendu, ce texte généraliste accouchera de précisions et d'amendements qui protégeront les collectivités qui risqueraient d'être sévèrement mise en cause (voir loi sur l'eau - pollueur payeur- et les amendements qui suivirent).

Ceci dit, il semble que nous avançons dans le sens d'une sensibilisation à la responsabilité des pouvoirs publics sur les problèmes d'environnement, très peu pris en compte jusqu'à ce jour.

Dans le cas présent qui nous préoccupe, manifestement le principe de précaution n'a pas été pris en compte.

- Pourquoi créer une installation classée soumise à autorisation et utilisant des produits répertoriés comme « très toxiques » pour le milieu aquatique à proximité d'une rivière. Le seul argument « positif » évoqué page 8 du dossier de présentation est édifiant : « développer l'activité de la société et limiter les surcoûts du fait de la distance entre Hersbach et ses sous-traitants actuels ».

Cela a le mérite d'être honnêtement dit.

En clair, on favorise l'intérêt particulier (une entreprise et quelques salariés) au détriment de l'intérêt général (dégradation visuelle de l'environnement, risque en cas de dysfonctionnement des installations, mauvais usage des installations ou négligence voire fraude par l'exploitant. (il est en effet très facile d'évacuer impunément des résidus liquides ou polluants dans un égout public ou un cours d'eau, les exemples existent dans la commune), réduction du nombre de pêcheurs, promeneurs et autres personnes ayant un impact économique certain dans une vallée déjà fortement éprouvée par diverses pollutions et souvent maintenues sous silence par les autorités locales.

La carrière en face du site MAF ne déverse-t-elle pas, quasi quotidiennement, des résidus de carrière malgré son statut d'entreprise classée soumise à autorisation dans le cadre des ICPE (Installation Classée pour la Protection de l'Environnement).

Ni les contrôles liés à ce classement, ni les autorités locales ne viennent troubler ces rejets depuis de longs mois (constatation de cette pollution a déjà été faite l'an dernier - juillet 2004 sans que l'origine soit trouvée).

Les rejets se font par intermittences et sont constatés en aval à Niederhaslach soit 9 Km plus bas que le rejet de Hersbach.

Cette pollution a pour effet de colmater les fonds et d'empêcher du fait de l'opacité de l'eau, la pénétration de la lumière sur le substrat et donc d'empêcher le développement des invertébrés aquatiques qui a pour effet d'éliminer la faune benthique et de réduire considérablement les poissons vivant dans la rivière (voir constat effectué par la Fédération de Pêche).

Ironie du sort, ces rejets se font par passage sur la propriété MAF en ce moment même. Qui peut nous faire croire que les contrôles, s'il existent, après réalisation de l'installation MAF seront pris en compte (diffusés pour l'information du public) et en cas de pollution suivis d'effets ??

Autres questions soulevées :

  • Inutilité du canal usinier qui n'ayant plus de raison d'être doit être comblé afin d'éviter tout rejet contrôlé ou accidentel.
  • Aucune précision sur les déchets (quantité journalière, fréquence d'évacuation et établissement chargé de cette tâche sous quelle forme de contrôle ).
  • Eaux usées évacuées par puit perdu sans épandage .
  • Pompage - 5800 m3 de trop pompés dans la nappe alors que les prélèvements se font de plus en plus nombreux et que le niveau d'eau de la rivière baisse régulièrement).
  • Niveau bâtiment - Très imprécis : dalle support recevant l'aire de travail sera construite à un niveau d'environ 1 m supérieur au niveau du TN naturel. La cuve de rétention sera donc dans l'eau en cas de crue équivalent en 1990.
  • Quid du stockage extérieur (idem actuellement) et du lessivage des bois traités dont les eaux s'infiltreront dans le sol.
  • Eaux d'incendie - Le canal usinier devrait servir de réserve d'eau en cas d'incendie, ce qui est totalement illusoire compte tenu des variations de niveaux d'eau et aucune autorisation ne sera obtenue de la police de l'eau pour satisfaire aux besoins en cas d'incendie.

Conclusions

II ne nous paraît pas acceptable d'autoriser une construction potentiellement dangereuse pour l'environnement et la rivière Bruche en particulier sur ce site au mépris de l'intérêt général pour favoriser l'intérêt particulier d'une entreprise et des autorités locales.

La conclusion du dossier de présentation est d'ailleurs assez édifiante à ce sujet et cette lapalissade sans ambiguïté.

« Le fonctionnement normal ne doit pas apporter de perturbation à l'environnement » C'est évidemment les multiples dysfonctionnements d'une entreprise dangereuse qui nous préoccupent plutôt que son fonctionnement normal, d'où le principe de précaution prévu dans la charte de l'environnement adoptée le 28 février 2005.

Comité de gestion du bassin Bruche - Mossig
Le Président
Claude Martin
Bruche Passion
Le Président
Patrick Mathieu