Le Comité de gestion du bassin Bruche-Mossig, représentant les AAPPMA du bassin Bruche-Mossig a pour vocation la mise en oeuvre du plan de gestion global sur la Bruche et ses affluents. Ce plan de gestion définit la politique d'acquisition de parcelles d'intérêt écologique, l'entretien et la gestion pérenne de ces milieux, la lutte contre les pollutions... Le Schwammbaechel ou Stillbach naît de trois sources dans la forêt de Haslach, entre le Nideck et le Geiweg, entre 270 et 295 m d'altitude. Son cours sinueux le mène jusqu'à la Bruche au terme d'un parcours de 4 km, traversant les villages de Still et de Dinsheim où il se jette dans la Bruche en rive gauche (cf. extrait de la carte IGN TOP 25 ci-contre). GÉOLOGIE - HYDROLOGIE Le réseau hydrologique du Stillbach repose sur des roches mères calcaires (Trias moyen) du Muschelkalk tapissés de loess quaternaire. Les sources et affluents alimentent le débit du Stillbach LOCALISATION DU SITE Le Comité de gestion du bassin Bruche-Mossig a acquis, avec l'appui financier de l'Agence de l'Eau Rhin-Meuse, près de 285 ares sur les rives du Stillbach. Ces terrains, cernés par les cultures céréalières, sont situés en amont et en aval du village de Still. Le secteur amont faisant l'objet de ce bilan regroupe des terrains de part et d'autre du ruisseau sur un linéaire d'environ 900 m et une largeur de 15 m. Cet ensemble est d'une surface totale de 243,66 ares d'un seul tenant. |
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Cerclés de rouge, les terrains acquis sur le ban de Still par le CTGP Bruche-Mossig. Extrait de la carte IGN TOP 25 3716 ET Région du Mont Ste-Odile, Molsheim Obernai (vallée de la Bruche) |
OBJECTIFS DE L'OPÉRATION
• Maîtrise foncière afin de mettre en place une gestion pérenne.
• Rendre une "bande de liberté" au cours d'eau.
• Mise en place d'une zone tampon entre les cultures et le cours d'eau.
• Variation de l'aspect du paysage.
• Restauration de la dynamique de filtration par le développement de bandes végétalisées en bord de rivière.
• Favoriser l'installation et le maintien de la faune et la diversité végétale.
Le secteur concerné par les travaux de restauration s'étend sur 900 m, entre le confluent du Stillbach avec l'Englischgraben et la route menant à la maison forestière de l'Entenpfuhl, avant l'entrée du village de Still (cf. plan cadastral ci-dessous).
ÉTAT INITIAL 1999-2000
Ce secteur du Stillbach se dédouble, mais la branche Est (le long de la RD 54) est réduite à un fossé de drainage suite à la transformation en champs de maïs de la majeure partie de la roselière qui s'étendait autrefois entre les deux bras. L'essentiel des fossés représentés sur le plan cadastral traversant les zones de cultures ont été supprimés et remplacés par un réseau de drainage enterré alimentant directement le ruisseau avec les eaux de lessivage issues des cultures. Un reliquat de roselière (52,60 ares) subsiste en amont du tronçon restauré sur la rive gauche. L'évolution qualitative, tant au niveau de la qualité de l'eau que de l'évolution des populations animales et végétales, fait l'objet d'un suivi régulier effectué par le comité d'experts du Comité de gestion. Des collectes de données sont réalisées et réactualisées. Une bande non cultivée et non entretenue de quelques mètres de large était maintenue sur les berges. Le défaut d'entretien des rives menaçait la faune et réduisait la quantité de lumière arrivant au ruisseau. Suite à l'inventaire floristique, une première coupe fut exécutée durant l'hiver 1999-2000, dans le but d'éclaircir le peuplement en sélectionnant les essences, afin de donner une large priorité à la diversité végétale. |
Roselière (parcelle 245) sur le |
PRESSIONS EXERCÉES SUR LE MILIEU
1. Pression agricole
Le défaut d'écran végétal entre les cultures et la rivière pose le problème du ruissellement et de l'infiltration des engrais, l'introduction de pesticides et des produits utilisés en agriculture lors des traitements par projection. De plus, l'absence de couvert végétal favorise et accélère le phénomène d'érosion régressive des berges.
Le ruissellement des eaux de pluie et leur drainage sur des terrains fragilisés par une absence de couvert végétal entraîne dans le cours d'eau une grande quantité de matériaux fins (argiles fines, limons). Ces éléments minéraux peuvent, à la faveur d'une diminution de la vitesse du courant, se déposer et créer un phénomène d'envasement et de colmatage de frayères jusqu'à plusieurs kilomètres en aval.
Différentes campagnes de relevés de l'évolution de la qualité de l'eau sont réalisées par le comité d'experts du Comité de gestion. Elles permettent d'avoir une bonne idée de la qualité du cours d'eau et de l'impact des actions menées.
2. Pression faunique
La pression exercée par le gros gibier (cerf, chevreuil et sanglier) entre 2000 et 2002 fut importante. Les dégâts causés aux végétaux furent de nature alimentaire (abroutissement, écorçage et arrachage de plants) et de nature comportementale (frottis, arrachage de plants).
Cela s'explique par la culture répétée de maïs et, en substance, par l'absence de chasse durant une année qui a contribué à l'augmentation importante du gros gibier dans cette zone à vocation de transit entre les grands massifs forestiers des alentours.
Depuis la reprise des tirs courant 2002, la population de grands gibiers semble être revenue à des proportions plus raisonnables, bien que la culture du maïs attire des bandes de sangliers qui causent un déséquilibre au sein de la petite faune et de la végétation.
RESTAURATION ET RENATURATION
Durant l'hiver 1999-2000, un déboisement sélectif et modulé fut entrepris par les bûcherons du Comité de gestion. Objectif des travaux : éclaircir les berges tout en favorisant la diversité végétale. La gestion du couvert végétal des essences ligneuses et semi-ligneuses est un facteur essentiel pour le bon fonctionnement de l'écosystème aquatique. II favorise directement la quantité de rayonnement arrivant sur le cours d'eau. Les travaux doivent répondre aux attentes des principaux utilisateurs et faciliter l'accès aux lieux de pêche.
But de la coupe :
• Sélectionner dans l'étage dominant les plus beaux arbres en donnant la priorité aux essences adaptées à ce milieu.
• Effectuer un élagage doux sur les arbres d'avenir désignés.
• Têtariser les saules instables ou présentant un trop fort diamètre.
• Supprimer les embâcles.
• Aérer le sous-étage arbustif en donnant la priorité à la diversité des essences.
• Entasser une partie des rémanents pour protéger les plantations et favoriser la petite faune.
• Enstérage du bois de chauffage,
• Fauchage de la roselière.
But des travaux de plantation :
• Occuper toute la largeur de la bande des 15 m.
• Mise en place de boutures de saule aux endroits érodés pour renforcer et stabiliser les berges.
• Mise en valeur des essences "nobles" (freine, merisier, érable...).
• Maintien de baies sauvages (cennelles, sorbes...), nourriture pour la faune.
• Développement de la petite faune aquatique nourricière (invertébrés, petits mammifères...).
• Développement d'habitats pour la faune aquatique et en particulier les espèces piscicoles.
Ces zones sont d'une grande diversité écologique pour leur faune et leur flore et, à ce litre, il convient d'intervenir ponctuellement et de façon légère. Ces terrains font l'objet d'interventions destinées à prévenir la formation d'embâcles et à effectuer un débroussaillage sélectif.
PERSPECTIVES La maîtrise foncière de secteurs d'intérêt écologique est essentielle. Elle permet un suivi régulier de l'évolution du milieu en fonction des actions menées Surtout, elle permet une gestion pérenne et une planification des interventions visant à améliorer les peuplements afin de répondre aux besoins du milieu et de ses acteurs. |
Le schwammbaechel en 2003 |
Philippe Hugel