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Le climat est naturellement instable.

Les météorologues, dont les statistiques ne remontent guère à plus d'un siècle, ne sont pas en mesure de confirmer scientifiquement que le climat se dérègle depuis quelques années. Cependant, d'autres observations, faites en différents points du globe, ont convaincu la plupart des scientifiques du risque que nous courons : celui d'un rapide réchauffement du climat.
Les manifestations organisées par le Conseil général du Bas-Rhin le 5 octobre 2002 à Strasbourg sur le thème " Mon climat, ma planète ", après la conférence internationale de Johannesbourg, montrent que cette inquiétude est partagée par les décideurs. Mais comme ces dirigeants sont des élus et que leurs électeurs sont, dans leur immense majorité, beaucoup moins bien informés qu'eux, l'adoption de mesures préventives, forcément impopulaires, sera difficile.

Où est donc le danger ?

La Terre n'est pas un thermostat bien réglé. La vie à l'air libre n'y est possible que grâce à un effet de serre bien dosé, qui maintient la température moyenne et ses fluctuations à des valeurs supportables, à la surface du globe. La vapeur d'eau et le gaz carbonique (CO2) y jouent un rôle décisif.
La Vie a bien failli s'éteindre à plusieurs reprises, depuis 3 milliards d'années, en particulier à cause des changements climatiques, dont les causes nous échappent. On peut y voir l'effet d'un changement de l'orbite terrestre ou de l'inclinaison du globe, d'un volcanisme intense, d'une brusque libération du méthane (un autre gaz à effet de serre) enfoui dans les sédiments marins, de variations dans le couvert végétal des continents, de la formation de plusieurs continents à partir d'un seul continent primitif, ou de la formation de l'océan Atlantique et de l'apparition de nouveaux courants marins.
Nos connaissances sont plus précises pour la période des glaciations qui se succèdent depuis 3 millions d'années, surtout la dernière (de -120 000 à -10 000 ans), grâce aux renseignements tirés de l'étude des calottes glaciaires (Antarctique, Groënland), de l'étude du squelette des coraux et des foraminifères fossiles, et des sédiments du fond des océans.
Au maximum de cette dernière glaciation (de -30 000 à -19 000 ans), le niveau des océans était à 130 m plus bas. Si les calottes glaciaires actuelles fondaient, il monterait de près de 100 m, une éventualité purement théorique, car tout le fonctionnement de l'atmosphère, des océans et des continents (végétation) serait changé. Néanmoins, le niveau moyen des océans a monté en un siècle d'environ 25 cm et continue de monter d'environ 2,5 mm par an, ce qui constitue déjà une menace pour les pays plats et les ports. Il faut également tenir compte de la dilatation due à l'augmentation de la température des eaux de surface, qui peut conduire, d'après les prévisions actuelles (encore floues) à 30 cm de plus.
La température moyenne à la surface de la Terre a augmenté de 0,6° C depuis un siècle, atteignant le plus haut niveau depuis mille ans. Les prévisions font état, selon les modèles mathématiques retenus pour simuler le fonctionnement de l'atmosphère, d'une augmentation éventuelle de 1,5 à 6° C vers 2100, mais les modifications associées des courants marins (le Gulf Stream, entre autres) pourraient tout aussi bien nous faire entrer dans une nouvelle phase de refroidissement. D'où la nécessité d'un renforcement de la recherche en météorologie, climatologie et physique de l'atmosphère, pour mieux prévoir cet avenir.
En attendant, et pour que nos enfants ou petits-enfants ne soient pas les victimes d'un réchauffement climatique aux conséquences catastrophiques pour toute l'humanité, la réduction des émissions des gaz à effet de serre produits en excès par l'humanité est devenue urgente : CO2 (combustibles fossiles, bois), méthane (élevage et rizières), chlorofluorocarbones (CFC) encore stockés dans les circuits réfrigérants, etc. Une nouvelle responsabilité pour nos gouvernants, mais aussi pour chacun d'entre nous.

                                                                                                                                        Pr. Jean Mellinger