titre4

Enregistrer

La Bruche, la Mossig et leurs affluents sont bordés d'environ 500 km de rives.
Les rives sont le reflet de l'évolution harmonieuse des rivières; elles ont de multiples fonctions qui contribuent à maintenir une bonne qualité de l'eau, à abriter et nourrir une faune nombreuse et très diversifiée, à favoriser le développement de la flore aquatique.

La rive a un rôle épurateur

La ripisylve est composée de plantes très variées qui protègent le lit de la rivière des intrants indésirables, et particulièrement lorsque la Nature est en pleine activité.
C'est ainsi qu'un rideau dense de Renouées du Japon, de Grandes Balsamines, d'Orties et autres buissons et touffes de baies variées sont le meilleur rempart pour l'eau contre les aspersions chimiques des cultures de céréales toutes proches.
II est important que ce rideau protecteur constituant la rive atteigne 10 à 15 m de large (en fonction de la pente) pour être efficace.
Sur les rives situées en plaine, souvent à fleur de la nappe phréatique, ou encore humidifiées en permanence par des résurgences de sources, la plante idéale pour capter les polluants amenés par l'eau de la rivière ou encore les fertilisants introduits dans les cultures est le Roseau.
Les Roseaux s'en délectent, les neutralisent et constituent en cela le meilleur épurateur naturel d'une eau qui s'infiltre dans la nappe phréatique alimentée à 60% par le milieu aquatique superficiel.
C'est la raison primordiale pour prohiber tout drainage à l'approche des rivières afin que l'eau de pluie puisse être filtrée par les Roseaux, les prés et les racines des plantes diverses.

La rive a un rôle de régulateur des eaux

Les semences étant naturellement dispersées par le vent et l'eau, les arbres poussent tout naturellement le long des rives. Au point de vue du contrôle de la régulation du cours des rivières, il importe que ces arbres ancrent leurs racines denses et profondes qui résisteront aux assauts des crues.
C'est l'Aulne qui semble l'arbre le plus adapté pour sa vitalité et sa résistance. Viennent ensuite d'autres feuillus comme le Saule, l'Orme et le Frêne.
Pour des raisons écologiques majeures, il faut proscrire la plantation de Peupliers dont les feuilles mettent de 5 à 8 ans à se décomposer et contribuent, avec les résineux, à acidifier l'eau et son milieu.


La rive joue un rôle éminemment écologique

L'écologie est une science qui étudie les milieux où vivent et se reproduisent les êtres vivants, ainsi que les rapports de ces êtres avec le milieu.
II n'est plus d'actualité que les hommes interviennent directement sur le milieu (sauf exception) pour se nourrir ou se chauffer. Pourtant cette démarche est une nécessité pour que la Nature se régénère et que la biomasse puisse se réaliser et s'épanouir.
Les arbres s'enracinent si bien qu'ils évitent ou retardent l'érosion des berges au gré des crues de la rivière.
Mieux, chaque racine se développe carrément dans l'eau et constitue un habitat pour l'ensemble de la faune aquatique, du plancton au gammare, de la sangsue... au poisson, juvénile et adulte.
L'arbre en soi, en dehors de son utilisation pour le chauffage, peut avoir un intérêt économique, à condition de se fixer des objectifs et d'avoir une politique patrimoniale à moyen terme. On est en droit de constater aujourd'hui que la politique du "tout peupliers" des années 1970 est un échec lorsqu'on voit que le m3 de frêne est payé quatre fois plus cher que le peuplier, sans parler des nuisances !
En plaine d'Alsace, la monoculture a remplacé la polyculture dans les vingt dernières années. A la place de ce "beau jardin", cher à Louis XIV, la plaine d'Alsace est devenue un désert, d'une nudité effrayante en hiver, où même les orties ont du mal à pousser tellement la terre s'est appauvrie !
Le résultat est la quasi-disparition, non seulement de la petite faune sauvage, mais aussi de près de 90% de familles d'agriculteurs, gestionnaires de cet antique jardin qui produisait pour tous des fruits, des légumes et des céréales d'excellente qualité avec, en prime, non visible à l'œil nu, la pollution accélérée par le nitrate de l'eau de consommation de notre nappe phréatique.
II ne reste plus que les rives et zones humides pour maintenir une faune sauvage qui pourra se reproduire, se nourrir et, sous le couvert, se protéger des rapaces qui n'ont plus grand-chose à se mettre dans le bec.
Les rives sont aussi des endroits où toute la "chaîne alimentaire" que constitue la biomasse aquatique peut se reproduire et se nourrir. C'est au bord des rives, soit sur le gravier, soit dans les dépressions à eau calme (frayères) que naissent le plancton, les petites bestioles aux noms scientifiques barbares, les batraciens et une multitude d'espèces de poissons : les cyprinidés, les carnassiers, etc.


Roselière
Photo : Jocelyne Blosser

L'entretien des rives

Dans leur grande majorité, les rives ne sont plus entretenues, du moins régulièrement.
Pour rendre cultivables ou encore constructibles des zones inondables, d'importants tronçons de nos rivières ont été rectifiés et approfondis, créant un dysfonctionnement hydraulique.
Lorsqu'on approfondit le lit d'une rivière, c'est la nappe phréatique qui, par endroit, alimente cette rivière, alors que cela devrait être l'inverse. Les rectifications, quant à elles, ont pour conséquences d'accélérer la vitesse du débit, ce qui augmente les risques de graves inondations en aval du bassin et le transfert d'énormes volumes de sable et de gravier en un temps court.
Pour éviter cela, il s'agit aujourd'hui de prévoir un entretien pérenne permettant à la Nature en milieu aquatique de se développer harmonieusement et surtout arrêter de toucher aux zones inondables et humides encore existantes.
II faut que suffisamment de lumière entre dans l'eau pour favoriser la vie animale; il faut éviter la multiplicité des touffes d'arbres pour avoir un développement équilibré de la sylviculture naturelle; il faut protéger les arbres nichoirs (arbres morts) et les baies nourricières.
Un entretien écologique pérenne c'est : couper et tailler "en douceur" à bras d'homme, entretenir les frayères, sortir les arbres morts déracinés après les crues, éliminer certains embâcles pour éviter les accumulations de boue, veiller à assurer la libre circulation des espèces migratoires, assurer le couvert de la petite faune et penser à protéger la rivière d'intrants polluants, c'est-à-dire proscrire les coupes à ras.

L'entretien des rives est d'INTÉRÊT GÉNÉRAL ET PUBLIC, ce qui nécessite un FINANCEMENT PUBLIC, d'où qu'il vienne, afin d'assurer tout simplement la vie de la faune et de la flore.

                                                                                                                                        Marcel Carabin

Enregistrer

Enregistrer